"Lâche-prise ! lâchez-prise et ça ira mieux !". Que ceux qui n'ont jamais entendu cette formule très en vogue depuis des années lèvent la main ! Et je ne peux que supputer, isolée comme je le suis derrière mon ordinateur, que peu d'entre vous le feront ! Le lâcher-prise est une expression devenue très populaire, un concept dont on entend beaucoup parler dans les revues de développement personnel et que les thérapeutes préconisent avec ferveur pour apprendre à mieux vivre et à alléger le poids du quotidien.
Combien de personnes m'ont affirmé dès l'ouverture de notre premier échange que ce serait très difficile de travailler avec elles, qu'elles cherchaient en permanence à "tout contrôler", et qu'elles n'arrivaient pas à "lâcher-prise" (ce à quoi je réponds : "laissez-vous du temps et vivez simplement la séance, sans a priori, sans préjugés, et accueillez ce qui se passe" ; et de là, de belles surprises émergent très fréquemment ! le lâcher-prise, c'est aussi accepter de se laisser surprendre !). Et en effet, très nombreuses sont les personnes qui sont dans le contrôle et qui cherchent à tout maîtriser, que ce soit leurs émotions, leur corps, leur alimentation, les autres, leurs relations amicales/affectives, leur temps, leur habitat, etc. Et face à un monde et à une époque de plus en plus anxiogènes et imprévisibles, où l'actualité dégaine chaque jour son tombereau d'images de conflits, de guerres, de pandémies et de catastrophes en tout genre, le souci de contrôle peut en partie apparaître comme un moyen de se rassurer, de retrouver un peu de sécurité. Ce sont souvent des peurs qui nous poussent, voire nous enchaînent, à ce besoin irrépressible de vouloir tout contrôler (peur de perdre l'amour de l'autre, peur du jugement/du rejet/de l'inconnu/de ne pas être à la hauteur/de perdre ses moyens, etc.). Chacun a son histoire, son héritage familial et ses propres traumatismes qui, pris individuellement, peuvent expliquer ce mécanisme de défense que peut aussi représenter le contrôle.
"Ce qui dépend de toi, c'est d'accepter ou non ce qui ne dépend pas de toi" (Marc-Aurèle). Autrement dit, certaines choses dépendent de nous et peuvent être éventuellement modifiées, quand d'autres sont inaccessibles à notre pouvoir de changement. Vos pensées, votre comportement, vos efforts, votre attitude positive, votre hygiène de vie, votre entourage, vos paroles, votre façon de gérer les aléas du quotidien, vos réactions face à vos émotions, vos croyances, vos interprétations, votre humeur, votre façon de donner telle importance aux choses, la manière dont vous traitez les autres et vous-même, vos décisions, les leçons que vous tirez de vos erreurs et de vos apprentissages, entre autres, sont autant de données sur lesquelles vous pouvez agir et que vous pouvez donc changer. En revanche, le comportement des autres, leurs réactions, leurs sentiments, leurs goûts, leur façon de vivre, leur façon de vous traiter, leur attitude, leur indifférence ou mépris à votre égard, leurs opinions, leur mode de vie, leurs propos, la météo, le passé, votre taille, les embouteillages, le retard d'un train, d'une livraison, le bruit effrayant de l'immeuble en contruction en face de chez vous, l'avenir, l'apparition d'une maladie, la mort, les soucis d'un proche, les virus, l'injustice, les guerres, le hasard etc., sont des paramètres qui échappent logiquement à votre contrôle mais qui, très souvent, génèrent une dépense d'énergie inutile et épuisante.
Pensez à votre mental qui se montre très souvent en ébullition. Un excès de contrôle conduit justement à l'émergence de milliers de pensées parasites qui traversent votre esprit chaque jour, et vous empêchent de vivre "l'instant présent". Qui n'a jamais ressassé un passé très douloureux ou ruminé des heures entières sur ce qu'il aurait mieux valu faire ou dire lors du dernier échange avec son collègue, ses parents ou sa patronne ? Le passé, précisément, est passé, révolu, irrévocable, derrière nous tous, et il restera tel qu'il a été, ad vitam aeternam, que cela nous plaise ou non ; vous ne pouvez par conséquent rien faire pour le changer. En revanche, vous pouvez agir sur votre façon de "faire avec" ce passé, et de le "digérer" pour continuer à avancer sans un fardeau qui plombe vos épaules et mine votre moral. Imaginez donc un instant cette énergie folle que vous déployez à vouloir refaire l'histoire, à vouloir réécrire le scénario de votre enfance ou de votre histoire sentimentale avec untel ou unetelle. Idem pour les projections anxiogènes ou idéalisées du futur, personne ne maîtrise bien entendu ce qui adviendra des jours à venir et des événements et situations que nous vivrons ; donc une fois encore, il est vain et contre-productif de s'évertuer à prévoir telle ou telle chose qui ne dépend pas de nous. Combien sommes-nous à gâcher des instants précieux de notre vie par le seul fait de ne pas accepter des situations qui, quoi que l'on fasse ou pense, ne changeront pas ?
Lâcher-prise ne signifie pas être passif(ve), résigné(e), soumis(e) face aux situations ou aux personnes, non ; il s'agit là d'accepter ses limites et son impuissance face à certains événements, et faire davantage confiance à la vie et aux contingences, les accueillir avec plus de sérénité et d'ouverture. C'est le fait d'être ancré(e), de vivre l'instant en étant présent(e) à soi et aux autres, reconnecté(e) à l'essentiel et délesté(e) de l'hyperactivité mentale. En somme, c'est résoudre si besoin ce sur quoi vous pouvez agir, renoncer à vouloir tout maîtriser et vous abandonner à la vie avec ce qu'elle a à vous offrir, de bon et de moins bon, comme nous pouvons tous en témoigner.
Prenons l'exemple d'une entreprise que vous lorgnez et dans laquelle vous imaginez vous épanouir. Imaginez, vous avez postulé à un poste qui vous séduit particulièrement et vous avez envoyé votre candidature par mail au DRH quelques jours auparavant. Vous avez, a priori, tout mis en oeuvre pour obtenir ce poste tant convoité, vous avez certainement fait de votre mieux pour rédiger votre lettre de motivation et communiquer votre enthousiasme, vos compétences et vos qualités pour être l'heureux(se) élu(e) ; mais à partir du moment où votre mail a été expédié, vous ne pouvez bien évidemment plus contrôler ce qui ne dépend plus de vous, mais, en l'occurence, uniquement de l'accueil du contenu et de la pertinence de votre courrier par les dirigeants de cette entreprise. Alors, plutôt que d'anticiper la réponse plus ou moins favorable qui vous sera apportée et de ruminer des heures dans votre coin, dépensez plutôt votre énergie ailleurs, à des choses constructives, qui préservent votre santé physique et psychique. Lâcher-prise est donc une vraie clef pour vivre le plus paisiblement possible et se concentrer sur ce qui doit l'être. C'est arrêter de se faire mal et de vouloir, notamment, changer les autres. C'est choisir la voie de la tranquillité et de la paix retrouvée.
Grâce aux différents exercices qu'elle propose et qui sont basés sur des techniques de respiration contrôlée, de détente musculaire et de visualisation positive, la Sophrologie vous permet d'apprendre progressivement le lâcher-prise et de cultiver le relâchement qu'il induit, que ce soit au niveau du corps, mais également de l'esprit. Lors de vos séances, accompagné(e) en toute bienveillance, vous apprenez à vous libérer de vos tensions mentales, physiques et émotionnelles. Pleinement reconnecté(e) à votre corps, à l'écoute de celui-ci et de vos ressentis profonds, vous avez le plaisir de vous recentrer, de canaliser vos pensées et d'apaiser votre mental en focalisant votre attention sur le positif. Davantage aligné(e) et ancré(e) dans le présent, plus confiant(e), vous mettez à distance cette volonté de contrôle "à tout prix" qui engendre bien plus de méfaits que de bénéfices, et vous profitez de chaque instant qui se présente à vous.
A très bientôt donc, sur la route de la confiance et de l'énergie retrouvée ! Anne-Charlotte
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